Leur réputation de groupe déjanté et malsain intéresse Frank Zappa, grâce à qui deux albums sortent :
Pretties For You en 1969, et
Easy Action l'année suivante. Ces albums utilisent des références aux Beatles, au rock psychédélique et à la freak music expérimentale. Malgré l'échec commercial de ces deux disques, Alice Cooper s'affirme comme un groupe scénique de premier plan. Au bout d'un an, le groupe, ruiné - ils en étaient alors réduits à vivre à cinq dans la même chambre d'un motel -, décide de tenter sa chance à
Détroit, qui semble alors une ville plus accueillante que Los Angeles pour le rock.Alice Cooper entame une carrière solo en s'entourant de nouveaux musiciens (en particulier
Dick Wagner et
Steve Hunter aux guitares, ex-musiciens de
Lou Reed). Il écrit l'album-concept
Welcome to my Nightmare qui raconte l'histoire d'un jeune garçon, Steven, plongé dans un cauchemar dont il ne parvient pas à trouver l'issue. Le disque est produit par Bob Ezrin et paraît en 1975. Il s'impose avec des compositions comme
Only Women Bleed,
Department Of Youth ou
Steven. Même si la violence originelle du rock d'Alice Cooper fait place à toutes sortes d'expérimentations allant du cabaret (
Years Ago) au rock jazzy (
Some Folks), l'ambiance est lugubre et malsaine. L'album est accompagné d'un téléfilm mettant en scène l'histoire, diffusé aux États-Unis.
Flush The Fashions (1980) voit le chanteur s'essayer aux sonorités
électroniques et
new wave. L'accueil est timide. L'album contient le morceau
Clones, repris plus tard par les
Smashing Pumpkins. Cooper présente un nouveau look qui dissimule mal son piètre état physique.En 1981, Alice replonge dans l'alcool à plein temps. L'album
Special Forces (1981) est une tentative de renaissance en un nouveau personnage. L'album fait une intrusion sur les ondes radio avec
Who Do You Think We Are.
Alice In Paris 1982 est une vidéo, maintenant difficile à se procurer, qui représente bien l'image de cet époque.L'album
Zipper Catches Skin suit en 1982, sans succès et sans tournée pour appuyer cette tentative plus rock que les deux albums précédents.Suite à ces trois albums, Alice Cooper est épuisé mais il lui reste un album à livrer à Warner Bros. pour honorer son contrat. Il reçoit l'aide de deux anciens collègues, le producteur Bob Ezrin et le guitariste Dick Wagner. Il en résulte
Dada (1983) dont la pochette est empruntée à
Salvador Dalí. Très expérimental et personnel, il se révèle un désastre commercial monumental. L'album ne bénéficie d'aucune publicité ni spectacle. L'histoire présente un portrait lugubre d'une famille dysfonctionnelle où un homme tourmenté cache un frère cannibale.Sombrant de plus en plus dans un alcoolisme frénétique, Alice Cooper frôle la mort à quelques reprises.
La rumeur veut que, dans un état pitoyable, il projette une suite à Welcome To My Nightmare, en collaboration avec Dick Wagner et Joe Perry. Ce dernier, démissionnaire d'Aerosmith n'est pas au mieux lui non plus. Le projet ne verra jamais le jour.[réf. nécessaire] En 1984, il renonce à l'alcool pour sauver sa vie et son mariage.
En 1986, Cooper est sobre et prêt pour son grand retour. Entouré de compositeurs, le chanteur garde désormais un œil sur les modes et troque sa tenue de provocateur contre un univers de film d'horreur série B.
Constrictor (1986), avec pour guitariste principal Kane Roberts, est orienté
hard rock. Le titre
He's Back est sélectionné pour la bande originale du film
Vendredi 13.
L'année suivante paraît
Raise Your Fist And Yell qui va piocher dans un heavy metal plus virulent. Alice apparaît dans le film
Prince Of Darkness de
John Carpenter et signe le titre éponyme de la B.O. En spectacle, c'est le retour d'un personnage plus sanguinolent et
gore que jamais. Malgré le relatif insuccès des deux albums, les salles de spectacle se remplissent à l'occasion des tournées.
Toujours en 1989, on retrouve Cooper avec pour producteur Desmond Child. Pour son nouvel album, il choisit des invités prestigieux :
Aerosmith et
Bon Jovi.
Trash est un succès et permet à Cooper de retrouver son ancien statut.
Only My Heart Talkin et
Poison sont en outre des succès radiophoniques. Il récidive en 1991 avec
Hey Stoopid où le chanteur s'offre les services de
Slash,
Joe Satriani,
Steve Vai, Vinnie Moore et
Mick Mars aux guitares ainsi que
Nikki Sixx à la basse et
Ozzy Osbourne pour les chœurs. Il apparaît ensuite en tant qu'invité dans le film
Wayne's World : il y interprète la chanson
Feed My Frankenstein.
Le hard rock et le heavy metal tendent à s'épuiser en ce début d'années 1990, notamment avec l'essor du
grunge.
Nirvana, emmené par
Kurt Cobain, bouscule les standards de la musique et de l'apparence sur scène, contrastant avec le cuir, les chorégraphies et les feux d'artifices des années 1980. Cooper tente de s'adapter en collaborant avec
Chris Cornell de
Soundgarden. En 1994, il revient avec
The Last Temptation. Renouant avec ses concepts et ses personnages, il ressuscite Steven qui va rencontrer un inconnu qui se prétend forain dans un théâtre abandonné. Celui-ci lui présente les sombres réalités de la société américaine. Le forain est en fait une incarnation maléfique de la tentation qui essaiera de troubler Steven. Le disque est accompagné d'une bande dessinée signée Neil Gaiman, plus connu pour son comic book
Sandman, édité dans le label Vertigo par
DC Comics . Malgré ces efforts, le succès commercial n'est pas au rendez-vous. Par la suite, Cooper doit se contenter d'un succès limité qui s'accompagne paradoxalement du statut de véritable légende vivante.Entre 1995 et 1999, c'est le vide quasi-total, à l'exception de quelques spectacles dont une tournée avec
Scorpions, une compilation (
Classicks, 1995), un live (
A Fistful Of Alice, 1997) et un coffret de 4 disques (
Life And Crimes, 1999).
Classicks se conclut avec une reprise de
Fire de
Jimi Hendrix. Courant 1997, il engage sa fille, la danseuse et actrice
Calico Cooper, alors âgée de 16 ans, pour l'accompagner sur scène lors de ses concerts. En 1999, Cooper reprend la route pour ce qui, d'après l'apparence du chanteur et le choix des morceaux interprétés, ressemble à une tournée de promotion pour l'album
The Last Temptation. Pendant cette période, Alice fait la connaissance de
Rob Zombie, avec lequel il écrit un morceau,
Hands Of Death, utilisé sur la bande sonore de la série télévisée
X-Files. Cette collaboration influence musicalement ses deux projets suivants.
En 2000, à l'époque où le
metal industriel est popularisé par
Marilyn Manson,
Nine Inch Nails et Rob Zombie, Alice Cooper sort l'album
Brutal Planet qui se veut
un regard noir sur le futur humain. La musique est simple, répétitive, très lourde et jonchée de sonorités électroniques. Les textes sont probablement les plus sombres et les plus pessimistes de sa carrière. Bob Ezrin est de retour au côté de Bob Marlette pour produire cet album
que les fans accueillent diversement. Certains titres de l'album s'inspirent de l'actualité de l'époque ; ainsi, Wicked Young Man fait référence aux tueries dans les écoles et plus particulièrement celle de l' université de Columbine en 1999.
En 2003 paraît
The Eyes Of Alice Cooper. L'album est annoncé comme un retour au son rock-
garage, pouvant rappeler
Love It To Death (1971). Dans le climat musical de l'époque, le metal industriel cède la place au rock garage, avec
The White Stripes pour porte-drapeau. Cooper surfe sur cette vague.
Dirty Diamond (2005) lui succède. Cooper y aborde ses anciens styles musicaux, des références à des groupes qui l'ont inspiré et des expérimentations. Ainsi,
Sunset Babies est une référence aux Rolling Stones. La sonorité du morceau
Dirty Diamond rappelle les
Queens of the Stone Age. On peut entendre Alice Cooper chanter à la manière
Johnny Cash sur
The Saga Of Jesse Jane et l'album se conclut avec une collaboration
rap-metal avec
Xzibit,
Stand. En 2008,
Tobias Sammet obtient, par le biais d'
Eric Singer (qui joue de la batterie pour les deux artistes), la collaboration d'Alice Cooper sur le titre
The Toy Master pour le nouveau volet du projet opéra-metal
Avantasia.
Il serait réducteur de classer Alice Cooper dans la seule catégorie hard rock tant sa carrière, en particulier dans les années 1970 et surtout 1980, est marquée par l'éclectisme.