Lilith (en hébreu : לילית) est, à l’Éden, la première femme et la première compagne d’Adam, avant Ève.
Il s’agit peut-être du plus ancien mythe de la féminité contradictoire.
Le mythe de Lilith date d’au moins quatre mille ans
. Présente à l’origine comme démon femelle
sumérien (
Lilitû), et peut-être identifiable avec la
Lillaka du récit de
Gilgamesh et le saule, elle est aussi présente dans les écrits rabbiniques (le
Talmud de
Babylone). Dans différentes versions de la Bible (
Bible TOB,
Bible de Jérusalem,
Bible Darby et celle d’
André Chouraqui) le terme se trouve pour désigner un « être nocturne », mais le thème de Lilith est absent de la
Bible canonique.Les représentations de ce personnage sont pétries de contradictions : elle serait à la fois
aérienne et
chtonienne, voire
aquatique et dévoratrice. Cependant dotée d’une sexualité illimitée et d’une
fécondité prolifique, tout en étant symbole de
frigidité et de
stérilité,
épouse,
fille et double du
diable, elle rassemble, dans la culture judéo-chrétienne, les côtés négatifs attribués à la
féminité archaïque, celle qui ne peut être l’épouse de l’homme. Elle a connu de multiples
avatars, jusqu’à la
Lolita de
Nabokov.
Lilith est vraisemblablement l’écho d’un démon femelle sumérien, puis babylonien, Lilitû ou Ardat Lili. Ses traits dominants sont déjà son caractère aérien, sa sexualité et sa fécondité sans limite. Considérée comme un démon dévorateur, elle est liée à Déesse mère. Déesse-serpent, déesse ailée (donc alliant les caractères chtonien et aérien), pour Marija Gimbutas elle correspond à la Déesse mère dont on retrouve la trace depuis le paléolithique supérieur. Elle serait présente dans l’épopée de Gilgamesh, Gilgamesh et le saule, sous le nom de Lillaka, récit dans lequel elle se rapproche de la déesse Inanna (Astarté). On la retrouve également dans la « déesse-aux-serpents » de la civilisation minoenne, mais également sous les traits d’Isis, la déesse ailée de l’Égypte ancienne.
Elle aurait été reprise par la tradition juive aux temps de la captivité de Babylone. Aux temps bibliques, elle est une représentation symbolique du matriarcat préexistant au patriarcat, mais finalement supplanté par l’avènement de ce dernier.
Lilith surpasse rapidement les succubes, servantes attitrées de Lucifer, sans en être une elle-même. Elle y obtient vite le titre de « Première démone », la préférée de Lucifer. Mais, l’épouse de Lucifer, Grande maîtresse des servantes appelées succubes n’a par contre aucune autorité sur les démons mâles (beaucoup plus nombreux) placés sous l’exclusive férule de son époux, fils de Satan. Une nouvelle fois, elle se venge en le trompant abondamment. Lui, la trompe à son tour avec Ève.
Dans ces profondeurs océaniques où des prières et objurgations multiples tentent de l’y maintenir pour l’empêcher de troubler la vie des Hommes et particulièrement des jeunes Hommes (par définition, encore peu expérimentés), sur terre. Mais ces prières assez efficaces de jour, perdent de leur force au début de la nuit, Lilith, aidée, propulsée par toutes les forces du mal, en profite pour sortir des Abîmes. Les mères et les jeunes mariées, doivent tout faire pour éviter de laisser leur fils et époux seuls aux abords du crépuscule. Car alors, devenus une proie facile pour cette démone, toujours à l’affût, ils seraient entraînés, directement, vers la débauche pour toujours.
Physiquement, d’après la tradition talmudique :
- Lilith serait rousse, sombre de teint, aux yeux noirs ou brun foncé : « Je suis noire, mais je suis belle »,
- Ève serait châtain (voire blonde) au teint et aux yeux clairs : « Je suis Ève, la claire »,
À ce propos le tableau de John Collier Lilith (en 1892), représente une Lilith, au teint et cheveux clairs, qui pourrait tout aussi bien s’appeler Ève (épisode du Serpent compris).
Moralement comme psychiquement, Lilith fonctionne alternativement comme image du démon sexuel et comme femme fatale, stérile, là où Ève est davantage vue comme la femme docile à l’homme, aussi idéale que génitrice.
Lilith n’était pas qu’une femme, c’était aussi Celle qui savait, surnom qui lui fut donné par Bélial à cause de sa grande intelligence.
En tant que femme supplantée ou abandonnée, au bénéfice d’une autre femme, Lilith représente les haines familiales, la dissension des couples et l’inimitié des enfants.
Dévorée elle-même par la jalousie, elle tue les nouveau-nés allant jusqu’à les dévorer, s’enivrant de leur sang. Si la garde des mères est trop vigilante, Lilith déterre leurs cadavres, les vidant de leurs entrailles, ne laissant que quelques fétus de paille.
Toujours selon la Tradition juive, Lilith, punie par la stérilité, pousse Satan, déguisé en serpent, à pervertir Ève en la possédant charnellement. De cette union, naît le premier être humain ombiliqué (doté d’un nombril contrairement à ses divers parents) : Caïn qui commet le premier meurtre sur Terre, en tuant Abel, son propre frère. Ainsi, Lilith, est quadruplement vengée : à travers l’homme trahi (Adam), à travers la mère bafouée et trompée, à travers l’enfant perverti devenu assassin (Caïn) et quatrièmement par l’enfant tué. Bien au-delà de la vengeance, Lilith peut jouir du mal pour le mal en tant que pratiquante du satanisme.